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Christophe Asselin - mars 9, 2021

Fake News : 5 points à connaître pour les combattre en 2024

 Mise à jour : 15 novembre 2023

"Les fake news sont de fausses informations fabriquées et diffusées volontairement sur internet dans le but d’induire en erreur" (Ifop). Depuis 4 ans, la lutte contre les fake news (infox en français, fausse nouvelle en québecois) s’est intensifiée. Ou plutôt devrait-on dire la résistance tant la tâche semble ardue et énorme. Nous vous proposons d'examiner certaines caractéristiques et particularités de l'univers des fake news pour mieux les appréhender.

 

 

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1. Un sujet de société pris en main par les médias
2. Les géants des réseaux sociaux à la manœuvre (ou pas)
3. De fausses informations dopées aux algorithmes
4. Qui diffuse les "fake news" ?
5. Les multiples challenges de la lutte contre les fake news


 

1. Un sujet de société pris en main par les médias

Les fake news sont donc devenues un vrai sujet d’attention, et les médias grands publics sont  eux aussi maintenant impliqués dans le traitement et la médiatisation de ce phénomène. Ainsi en janvier 2019, l’Obs a fait sa une sur “le cancer des Fake News”. La presse web et les radios ont développé depuis plusieurs années déjà leurs propres rubriques et équipes dédiées à la chasse au Fake News. Les TVs s’y mettent. TF1 et France 2 et des radios ont créé leurs “pastilles” consacrées au fact-checking, venant compléter d’autres émissions et rubriques déjà existantes dans d'autres médias comme Franceinfo par exemple. Nous détaillons ces canaux dans notre billet dédié aux ressources et outils.

 

Découvrez notre guide : "Fake News" :
Comment détecter et lutter contre la désinformation sur les médias sociauxGuide >  "Fake News" : Comment détecter et lutter contre la désinformation sur les médias sociaux

En France notamment, cette lutte contre les infox prend la forme de démarches initiées essentiellement par les journalistes, médias et associations. On peut citer par exemple Eucheck.fr, une initiative de fact checking lancée en 2019 par l’association européenne des écoles de journalisme pour lutter alors contre la désinformation à quelques mois des élections européennes; Ou encore Fake Off, une association de journalistes engagés auprès des jeunes pour l'éducation aux médias et lutter contre la désinformation, les rumeurs, les fake news et complots. 

 

Dans le monde entier, les journalistes fact checkers se rallient au "code de principes" de l’International fact-checking network (IFCN), un réseau international de médias spécialisés dans la vérification de faits.

 

Sur Arte, la rubrique Desintox analyse l’actualité dans des vidéos
diffusées chaque soir dans "28 minutes", dès 2015

 

 

 

2. Les géants des réseaux sociaux à la manœuvre (ou pas)

Publicité "Fake News is not our friend"Depuis plusieurs années, les réseaux sociaux luttent contre la désinformation et les fake news sur leurs plateformes. Ou plutôt tentent de lutter contre ces fausses informations tant le volume est important et les reproches d’inaction, d’actions inadaptées ou insuffisantes sont fréquents. Les récents signalements de tweets du compte de Donald Trump en novembre par Twitter Inc. puis la suppression de son profil en janvier montre que la modération voire la suppression de contenus litigieux et des comptes de leurs auteurs sur les médias sociaux est un challenge complexe et une prérogative que beaucoup considèrent ne pas devoir être de la seule responsabilité des entreprises gérant ces plateformes.  👉 Lire la suite

 

 

 

 

3. De fausses informations dopées aux algorithmes

Le process et la nature des fake news ne sont pas nouveaux : le processus de propagation de rumeurs est ancien (voir par exemple la rumeur d’Orléans) mais avec les applications web et les canaux social media, la production de fausses nouvelles peut être industrielle, émaner d’états ou de groupes de lobbying parfois très riches et bénéficier d’une propagation ultra rapide  :

les fausses informations circuleraient six fois plus vite que les vraies , selon une étude du MIT.

 

C'est notamment grâce à l'émotion, souvent négative, suscitée, et à la faveur de formats éminents viraux (vidéos, animations et images), aux pratiques de partages des internautes et des algorithmes des réseaux sociaux. Ceux-ci favorisent notamment la visibilité et donc le repartage de posts très likés ou commentés (c'est le cas pour la propagation dans les groupes Facebook et la visibilité dans les feed et les timeline Facebook et Twitter par exemple).

 

Peut-être en avez-vous déjà fait l'expérience sur votre fil d'actualité Facebook, Instagram ou Twitter : une "information" non vérifiée, fausse est publiée très vite par des comptes non-professionnels et est partagée rapidement du fait de sa fraîcheur. Les vraies informations publiées plus tard sur le même fait (car vérifiées) par des médias professionnels et des agences de presse vont être souvent moins visibles : les algorithmes vont favoriser "l'information" publiée en premier et massivement partagée.

 

The Spread of True and Fake News/Claims in Online Social Networks (Revue Science)."The Spread of True and Fake News/Claims in Online Social Networks" (Revue Science).

 

 

4. Qui diffuse les "fake news" ?

Potentiellement tout le monde... 
Le professeur Oihab Allal-Chérif explique : “Les théories complotistes institutionnelles et malveillantes sont reprises par ceux qui y croient, qui les interprètent, les font évoluer, les combinent, et les relaient sous des formes différentes. Il s’agit d’une "uberisation" des fake news ou chacun en devient à la fois consommateur, producteur et diffuseur. Dans un monde où tout le monde se prend pour un expert et est victime de biais cognitifs, chacun pense qu’il est de son devoir d’alerter les autres sur ce qu’il a découvert ou compris et que des forces occultes nous cacheraient.”

 

...mais pas avec le même impact

Toutefois, tout le monde n’a pas le même impact lorsqu’il diffuse une “fake news”. Ainsi une étude a montré que les célébrités et les politiciens très suivis sur les réseaux sociaux se révèlent être des distributeurs clés de la désinformation relative au coronavirus, les facts-checkeurs et médias grand public ayant du mal à rivaliser avec la portée de ces influenceurs :
L'Oxford Reuters Institute for the Study of Journalism a révélé que si les politiciens, les célébrités et d'autres personnalités publiques de premier plan étaient responsables de la production ou de la diffusion de 20% des fausses déclarations sur le coronavirus, leurs publications représentaient 69% de l'engagement total sur les médias sociaux.

 

trumpfake

 

Un cas concret, celui de Donald Trump : Quel que soit leurs thèmes, les messages de l'ancien président étaient en effet retweetées dans des proportions hors-norme, lui conférant ainsi une influence majeure. En octobre 2020, la professeure en sciences de l’information à l’université du Colorado, Leysia Palen évoquait déjà ce phénomène en ces termes : « La machine à amplifier de Trump est incomparable ».

Une étude publiée par Election Integrity Partnership, un consortium de chercheurs sur la désinformation, a révélé que seulement 20 comptes Twitter conservateurs et pro-Trump - y compris le  @realDonaldTrump - étaient la source originale de 20% des retweets publiant des récits trompeurs sur l'élection. Trump postaient en moyenne plus de 1000 tweets par mois, avec près de 17 000 retweets chacun en moyenne , un volume sans précédent dans le monde anglophone, selon les chercheurs. Avec le socle d'un groupe de base de plus de 500 adeptes particulièrement enthousiastes qui retwittaient systématiquement tout ses tweets.

 

En outre, les internautes âgés de plus de 65 ans partageraient jusqu’à 7 fois plus de fausses informations que les jeunes de 18 à 29 ans, selon une étude publiée dans Science Advances, réalisée pendant l’élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.

 

 

 

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5. Les multiples challenges de la lutte contre les fake news

Le partage de l'émotion
Comme le souligne Benoît Raphaël, expert en innovation média, journaliste, créateur de Le Plus de l'Obs et Le Lab d'Europe 1,
 la démonstration qu’une info est fausse par des fact-checkers spécialistes ne suffit pas : “Le problème c'est que de récentes études ont montré que même quand vous démontrez qu'une info est fausse, cela n'empêche pas les internautes de la partager, parce que ce n'est plus tant l'info qui importe que le message qu'elle véhicule, ou l'émotion qu'elle reflète. En plus de journalistes fact-checkers ou de "tiers de confiance", on a aussi besoin d'autonomie chacun face à la vérification de l'info”. Nombreux sont les internautes qui veulent croire à ces fake news, qui correspondent à leurs envies, leurs prises de position. Ils les partagent à des sphères qui ne seront jamais ou rarement en contact avec les flux de messages des fact-checkeurs.

 

L’imperméabilité au fact-checking
En effet, dans un contexte de défiance jamais vu envers les politiques, les institutions, les entreprises 
et  les médias (voir l’étude du Cevipof et le Baromètre de la confiance des Français dans les médias de La Croix ), les consommateurs de fake news sont devenus très imperméables aux analyses et signalement émanant de fact checkeurs travaillant pour...des médias.

 

La rémanence
Autre problème : la tendance à la persistance de la fake news. A l’instar des Hoax, débusqués par des acteurs comme Hoaxbuster depuis près de...20 ans, les fake news sont recyclées, recyclent elles-mêmes d’anciennes images ou vidéos. Pire, certains propagateurs de fake news n’effacent pas leur messages après le signalement par un fact-checkeur du caractère mensonger de l’information. Or, un simple correctif ou erratum sera beaucoup moins partagé et visible.

 

Pourquoi il faut effacer les tweet erronés

Une nécessaire sensibilisation : effacer et non pas seulement corriger, pour éviter la propagation :
la fausse nouvelle est beaucoup plus partagée que son démenti (ici, dans un rapport de 1 à 215 !).

 


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Ecrit par Christophe Asselin

Christophe est Senior Insights & Content Specialist @ Onclusive. Fan du web depuis Compuserve, Lycos, Netscape, Yahoo!, Altavista, Ecila et les modems 28k, de l'e-réputation depuis 2007, il aime discuter et écrire sur la veille et le social listening, les internets, les marques, les usages, styles de vie et les bonnes pratiques. Il est expert Onclusive Social (ex Digimind Social)