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Christophe Asselin - déc. 6, 2023

Accès à l'information en France : les réseaux sociaux de plus en plus utilisés, mais la confiance est faible

Lorsque l’on met en place une veille média et social media, que l’on met en oeuvre des actions de communications RP ou sur les canaux digitaux, il est important de comprendre comment est perçue l’information en général par les Français, quelles sont leurs pratiques d’usages et de consommation de l’information et quel est leur regard sur les médias et les canaux de diffusion, qu’ils soient numériques ou non. 

 

En 2022, le Baromètre La Croix-Kantar Public nous révélaient une rupture dans les pratiques des Français : En termes de sources d'information numériques, l’ensemble des Français s’informe alors désormais d’abord via les réseaux sociaux (26%, + 6 points par rapport à 2021), puis par les sites internet ou les applications mobiles des titres de la presse écrite (21%, moins 8 points). C'est donc une véritable bascule à laquelle on a assisté par rapport à 2021 où les sites et applications de la presse écrite demeuraient la première source d'information en France. Les sites et applications des chaînes TV et des stations radio se placent eux toujours en 3ème position.

👉 Sommaire : 

I. La confiance dans les médias

II. La fréquence d’utilisation des médias

1. Utilisation quotidienne et moins

2. Le regard des Français sur les réseaux sociaux

III. Les Français et les Fake News

IV. Les Français et l’actualité

 

 

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Début 2023, l’étude annuelle du Reuters Institute notaient que dans le monde, lorsqu'il s'agit d'actualités, le public déclare désormais  être plus attentif aux célébrités, influenceurs et personnalités des médias sociaux qu’aux journalistes, sur des réseaux comme TikTok, Instagram et Snapchat.

Cela contraste fortement avec Facebook et X (Twitter), où les actualités, les médias et les journalistes sont toujours au centre de la conversation.

En France, cette même étude montraient que les réseaux sociaux restent l'un des principaux points d'accès aux actualités en ligne tandis que  l'accès direct  aux applications d'actualités et aux sites Web est en déclin. En France, l'utilisation de TikTok pour l'actualité étaient en croissance (8 %), avec près du double de ce niveau (15 %) pour les 18-24 ans. Comme dans d’autres pays, Facebook décline au profit d’Instagram et TikTok. La croissance d’Instagram pour l’accès aux actualités est d’ailleurs similaire à celle de TikTok.

 

 

 

I. La confiance dans les médias

En novembre, une étude annuelle nous révèle que la confiance des Français dans les médias est fragile. En effet, selon le baromètre La Croix-Kantar Public, publié récemment, 57% des Français considèrent qu'il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d'actualité. Problème, cette méfiance est en hausse de trois points par rapport à l'année précédente. 

 

Les Français sont de plus en plus sceptiques vis-à-vis des médias, qu'ils accusent de partialité, de sensationnalisme et de manque de fiabilité.

Cette défiance s'explique par plusieurs facteurs, notamment la multiplication des sources d'information, la polarisation de l'opinion publique et la défiance vis-à-vis des institutions.

Pourtant, les Français restent attachés à la liberté de la presse et à l'importance du rôle des médias dans la démocratie.

Pourtant, les Français restent attachés à la liberté de la presse et à l'importance du rôle des médias dans la démocratie.

 

Les Français et la Confiance dans les médias sur les grands sujets d’actualité. Baromètre La Croix-Kantar Public,Les Français et la Confiance dans les médias sur les grands sujets d’actualité. Baromètre La Croix-Kantar Public

 

 

 

Les Français sont également de plus en plus sceptiques vis-à-vis de l'indépendance des journalistes.

 

Selon le baromètre La Croix-Kantar Public, 59% des personnes sondées considèrent que les journalistes ne sont pas indépendants "aux pressions des partis politiques et du pouvoir", et 56% pensent qu'ils ne résistent pas "aux pressions de l'argent".

 

Cependant, les Français continuent à faire confiance aux médias traditionnels, notamment aux journaux télévisés (67%), à la presse régionale (61%) et aux journaux d'information à la radio (60%). Ces bons chiffres sur les médias sont à relativiser puisque, pour s’informer sur ce qui se passe dans l’actualité, les Français font d’abord confiance à leurs proches (71%).

 

Les réseaux sociaux pointent en bas de classement en termes de confiance : 25% seulement leur font confiance contre 68% qui ne leur font “plutôt pas confiance” ou “pas confiance du tout”.

 

Seuls les influenceurs sont encore moins bien perçus : ainsi, seulement 14% des Français leur font confiance.  Toutefois, on peut là aussi relativiser ou du moins mettre en perspective en fonction de l’âge et de la nature de l’influenceur. Car il y a influenceur et influenceur : En effet, l'étude 2022 Ipsos- Médias en Seine avait révélé que des spécialistes des actualités comme Hugo Decrypte faisaient partie des supports d'informations préférés des 16-30 ans pour suivre l'actualité.

 

Confiance dans les différents médias. 2023. Baromètre La Croix-Kantar PublicConfiance dans les différents médias. 2023. Baromètre La Croix-Kantar Public

 

 

 

 

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II. La fréquence d’utilisation des médias

 

1. Utilisation quotidienne et moins

 

Tous les jours

La télévision reste le média le plus utilisé, avec 69% des sondés qui la regardent au moins une fois par jour. Internet se place en deuxième position, avec 62%, en hausse de dix points par rapport à janvier 2023.En fait, poursuivant la dynamique de bascule relevée en 2022, Internet est le seul canal qui progresse. Tous les autres médias et particulièrement la presse (papier ou numérique) accusent une baisse

 

Les médias utilisés quotidiennement. 2023Les médias utilisés quotidiennement. 2023. Baromètre La Croix-Kantar Public

 



Quels médias sont précisément utilisés et à quelle fréquence ?

Les JT d'information (13H 20H…) demeurent les médias les plus fréquemment utilisés par les Français : 58% les utilisent une fois ou plusieurs fois par jour, devant les réseaux sociaux (43%)  et les chaînes d'information en continu (BFMTV, LCI, France Info). En effet, ce dernier canal bénéficie d'une fréquence d’usage de quelques fois par semaine plus importante (20% contre 14% pour les réseaux sociaux plus fréquemment utilisés tous les jours). Ceux-ci continuent donc leur percée et devance les journaux d’information radio ou encore les sites de la presse régionale. La facilité d'accès  nomade (via mobile), la non nécessité d’écouter le son sont autant de facteurs qui doivent dynamiser leur utilisation pour accéder à l'information.

 Fréquence d’utilisation des médias. 2023. Baromètre La Croix-Kantar Public

Fréquence d’utilisation des médias. 2023. Baromètre La Croix-Kantar Public

 

 

 

2. Le regard des Français sur les réseaux sociaux


 

Sur les algorithmes

Les français sont assez critiques envers les règles algorithmiques des réseaux sociaux qui leur proposent  des contenus et informations plutôt que d’autres (des règles automatisées en fonction de nombreux paramètres, notamment les habitudes ou les centres d’intérêt des utilisateurs) . 

Ainsi 51% pensent que cette méthode apporte des contenus ou des informations qui sont trop redondants (contre 23% qui pensent le contraire).

36% pensent que ce système apporte des informations  qui correspondent à leurs centres d'intérêts (contre 40% qui pensent que non)

44% ne pensent pas que ces algorithmes  apportent des informations qui reflètent la pluralité de points de vue et d’opinions (contre 30% qui le pensent).

 

Opinion sur la sélection des contenus

Opinion sur la sélection des contenus et informations sur les réseaux sociaux. Baromètre La Croix-Kantar Public

 



 

Sur le développement du partage d’informations via les réseaux sociaux

 

Avec les réseaux sociaux, de plus en plus d’informations en lien avec l’actualité circulent et sont diffusées par des personnes qui ne sont pas des médias ou des journalistes. Qu'en pensent les Français ? 

Il sont largement d’accord (73%) pour dire que cela participe à la diffusion de fausses informations et aux théories du complot.

68% sont aussi d’accord avec l'affirmation que cela nuit à la qualité de l'information

A l’inverse, 52% ne sont pas d’accord avec le fait que cela apporte plus de transparence et de diversité dans l'information


Opinion sur le développement du partage

Opinion sur le développement du partage d’informations via les réseaux sociaux. Baromètre La Croix-Kantar Public

 

 

 

 

 

Sur la régulation des réseaux sociaux

Au sujet des informations et opinions qui sont partagées sur les réseaux sociaux, 53% des Français sont personnellement favorables à plus de régulation (contre 35% à moins de régulation). Les plus âgés  (plus de 35 ans) sont en moyenne davantage favorables à plus de régulation  tandis que les 18-34 ans souhaitent moins de régulation.

 

Attente de régulation et de contrôle sur les réseaux sociaux

Attente de régulation et de contrôle sur les réseaux sociaux  : En fonction de l’âge. Baromètre La Croix-Kantar Public

 

 

En fonction de la proximité partisane :

Les partisans de la France Insoumise sont les plus enclins à moins de régulation (54%) tandis que les proches des Républicains ou du Parti Socialiste sont les plus favorables à davantage de régulation (respectivement 67% et 69%).

 

 

 

III. Les Français et les Fake News


Les Français estiment être confrontés fréquemment aux informations qui déforment la réalité ou à des fausses informations d'abord sur les réseaux sociaux (49% tous les jours ou presque ou quelques fois par semaine). Les réseaux sociaux devancent largement la télévision (36%). La radio pointe dernière des types de médias qui, selon les Français, diffusent de fausses informations (24% tous les jours ou quelques fois par semaine)

 

 

Le sentiment d’être confronté à des fausses informations

Le sentiment d’être confronté à des fausses informations. Baromètre La Croix-Kantar Public

 

 

 

Pour permettre à chacun de mieux s’informer et lutter contre, les Français estiment que l’action prioritaire est d'abord de davantage contrôler les informations partagées sur les réseaux sociaux (59%), loin devant la promotion de l’éducation aux médias à l’école dès le plus jeune âge (37%) à égalité avec un travail d’explication de la part des médias et journaliste sur leur travail.  Le développement des outils et initiatives de fact-checking ne fédère pas les adhésions (seulement 22% les jugent prioritaire). Leur mode de fonctionnement et leur impact sont-ils seulement bien compris ?  

Les résultats de ce baromètre sur les fake news sont à mettre en perspective avec les précédentes études réalisées sur le sujet

 

 Les actions prioritaires à mettre en œuvre contre la désinformation

Les actions prioritaires à mettre en œuvre contre la désinformation. Baromètre La Croix-Kantar Public

 

Les fake news sont un vrai fléau pour la perception de l’information, des médias et des journalistes. Et elles n’ont malheureusement  jamais été si nombreuses. En effet, entre septembre et novembre 2023, le volume de Fake News propagées sur les réseaux sociaux en France est passé de 79 000 à 2,7 millions soit une multiplication par 34. C’est évidemment le conflit entre Israël et le Hamas qui a enflammé les réseaux sociaux. C’est le résultat d’une étude Digimind qui analyse des centaines de milliers d’informations entre avril et septembre en France. 

 

A qui ou à quoi sont associées les fake news par les internautes s’exprimant sur les réseaux sociaux ?

A qui ou à quoi sont associées les fake news par les internautes s’exprimant sur les réseaux sociaux ?

1er avril 2023-15 novembre 2023. Web et médias sociaux en France. Etude Digimind

 

 

 

Les fake news en forte croissance

 

 

IV. Les Français et l’actualité


Le baromètre révèle que les Français sont tout de même très intéressés par l'actualité, avec 75% d'entre eux qui disent la suivre avec un "grand intérêt".

Cependant, ils ressentent de la fatigue ou du rejet par rapport aux informations et à l'actualité.

Parmi les raisons de cette fatigue, on peut citer

 

  • l'impression que les médias parlent toujours des mêmes sujets (48%)
  • la sensation d'être angoissé ou impuissant (38%)
  • le manque de confiance dans ce que disent les médias (27%)
  • D'ailleurs, 31% des sondés avouent avoir abandonné de suivre un média à cause d'un traitement de l’information qui semblait trop négatif ou anxiogène.

 

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Ecrit par Christophe Asselin

Christophe est Senior Insights & Content Specialist @ Digimind. Fan du web depuis Compuserve, Lycos, Netscape, Yahoo!, Altavista, Ecila et les modems 28k, de l'e-réputation depuis 2007, il aime discuter et écrire sur la veille et le social listening, les internets, les marques, les usages, styles de vie et les bonnes pratiques.