Comment s'expriment les patients sur leur traitement, les médicaments, les entreprises pharmaceutiques sur les médias sociaux, les forums, les blogs ?
Nous avons analysé, avec nos outils de social media listening les conversations des médias et patients sur leur santé et les médicaments ainsi que les messages des laboratoires pharmaceutiques sur les réseaux sociaux et forums.
Pour son édition 2023 de la Voix des patients et des laboratoires sur les réseaux sociaux, Digimind a donc mis en surveillance plus de 55 laboratoires pharmaceutiques internationaux, plus de 230 médicaments (OTC* et PMO*) et analysé plus de 170 pathologies.
Cette année, le nombre important des sujets liés au Covid, principalement à propos des vaccins, et au laboratoire premier producteur de vaccin contre ce virus, Pfizer, vient supplanter, de par son volume, les conversations classiques des patients sur leur santé et leurs traitements. Toutefois, les insights patients collectés restent nombreux et pertinents.
Comment communiquent les entreprises de médicaments sur les médias sociaux ? Que retiennent les médias ? Quels sont les sujets abordés par les consommateurs de médicaments et les patients ?
Pour répondre à ces questions, l’étude se compose de 3 grands volets :
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📃Sommaire
0. Le contexte des conversations des médicaments sur les médias sociaux
I. Les entreprises pharmaceutiques les plus citées par les patients et consommateurs
II. Les médicaments les plus cités par les patients et consommateurs sur les réseaux sociaux
III. Les émetteurs des messages sur les médicaments et les laboratoires pharma
1. Qui s'exprime sur les laboratoires et médicaments ?
2. Focus sur les émetteurs et relayeurs de fake news sur médicaments et vaccins
3. Focus sur les professionnels de santé
IV. Les thèmes de conversations sur les médicaments
Ce sont d’abord les laboratoires liés aux vaccins anti-covid qui sont les plus cités (Pfizer, Astrazeneca et Moderna) sur les médias sociaux.
Source : Etude Digimind 2023 : Voix des patients et entreprises pharmaceutiques sur les réseaux sociaux
La part de voix de Pfizer de plus de 78% est totalement inhabituelle. 82% des conversations sur Pfizer concernent le vaccin et une large proportion tient du trolling, de la désinformation et du complotisme. On se reportera à l’étude 2019 pour y découvrir des parts de voix des grands acteurs de l’industrie pharmaceutique avec plus de sens. Comprendre : non polluées par des milliers de fake news.
Les conversations citant Sanofi sont par contre, elles, de nature plus diverses : elles sont notamment relatives aux vaccins anti-covid, anti-grippe au ministre de la santé, aux grèves, au paracétamol ou encore au Plaquenil….
Seuls 6,6% des conversations des internautes à propos des pathologies et médicaments citent les laboratoires (pour les 231 médicaments étudiés, hors vaccins). Lorsque les internautes échangent sur une pathologie et son traitement, la marque du médicament domine en effet, au détriment du laboratoire. A l’inverse, 95% des conversations sur les vaccins anti-covid citent le laboratoire producteur.
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Voix des patients et entreprises pharmaceutiques sur les réseaux sociaux en 2023
Comme pour les laboratoires, les médicaments (ou principes actifs) les plus cités sont liés à la pandémie de Covid, d’autres à des polémiques et à la désinformation. Car au-delà des blockbusters habituels (Doliprane, paracétamol, Xanax, Prozac, Viagra…), 4 médicaments de ce top 15 concernent des traitements anti-covid avérés (Paxlovid), non efficaces (Ivermectine, Plaquenil) ou nom remboursés en France (Veklury).
Le Levothyrox est de nouveau sous les feux de l ‘actualité depuis le début de la crise de 2017.
Le Rivotril, lui, est au cœur de rumeurs et des conversations de complotistes : ils affirment, à tort, que des patients âgés seraient « euthanasiés » pendant l’épidémie de Covid-19, notamment à l’aide de ce médicament.
° Traitement anti-covid
°° Efficacité faible ou nulle dans le traitement Covid °°°non remboursé
PMO: prescription médicale obligatoire
En 2019, 1% des messages étudiés en France à propos des médicaments et laboratoires émanait de complotistes et désinformateurs. En 2022, la part atteint 25%, dépassant même le volume des messages des « consommateurs » de médicaments.
Que s’est-il passé ? Depuis le début de la pandémie, les conversations sur les soi-disant complots et mensonges de Big Pharma, les PfizerGate et autres collusions de leaders d’opinions avec les laboratoires ont envahi les réseaux sociaux…
Plus d’un quart (26%) des posts émanent de patients avec un traitement sur ordonnance ou délivré par un spécialiste. Les consommateurs de médicaments sans ordonnance représentent, eux 21% des messages.
Les professionnels de santé (généralistes, spécialistes, pharmaciens) comptent pour 7%. Leur part de voix a presque doublé avec la pandémie depuis notre étude de 2019.
Les laboratoires, entreprises du secteur de l’industrie pharmaceutique et organismes représentatifs publient 8% des messages : des informations sur les pathologies, des démentis d’infox, des opérations de sensibilisation et conseils aux patients, dans le cadre stricte de la loi.
Les médias spécialisés Santé, Médecine et Pharma représentent 4,4 % des messages.
Retrouvez les pathologies, effets indésirables ainsi que les messages des patients et des professionnels de santé dans l'étude complète : Voix des patients et entreprises pharmaceutiques sur les réseaux sociaux
Voici une liste, non exhaustive, de comptes Twitter créant et/ou amplifiant régulièrement de fausses informations, des informations déformées, inventées, tronquées relatives aux vaccins, aux médicaments, aux données de recherche clinique. Bref des fake news (ou infox).
Ils bénéficient tous d’une audience moyenne ou forte (> 50 000 followers) et d’un maillage de comptes Twitter dense, garantissant un maximum de retweets sur une période courte.
Certains d’entre eux multipostent sur des comptes TikTok, Instagram, Facebook et YouTube. D’autres publient un site « d’actualité » ou un blog.
Le fonctionnement en « meute » caractérise certains de ces comptes : un compte (d’une médecin, scientifique, journaliste) qui critique leur contenu se voit alors systématiquement harcelé par des centaines voire des milliers de comptes partisans.
Emetteurs de fake news sur les médias sociaux entre le 1/05 et le 30/11 2022. Comptes Twitter. Classement par audience (followers)
Les professionnels de santé (généralistes, spécialistes, pharmaciens) comptent maintenant pour 7% des messages consacrés aux laboratoires pharmaceutiques.
Une grande variété de professionnels s'expriment : des médecins généralistes, des spécialistes, des praticiens hospitaliers, des infirmier.e.s, des urgentistes, des pharmaciens.
On retrouve 2 grands types de prises de paroles : des conseils (pas des consultations) de type santé publique ou traitement aux patients, des demandes de conseils entre pairs (entre généralistes, de généralistes à spécialistes. Le hashtag #doctoctoc par exemple fédère les demandes de conseils entre médecins.
(Cliquez pour agrandir)
Depuis 2019, la part des professionnels de santé s’exprimant sur les réseaux sociaux a presque doublé. Leurs messages concernent les traitements mais aussi leur quotidien : rendez-vous non honorés, logiciels, Doctolib, lourdeur de la paperasse administrative, agressivité des patients, Covid ou encore les départs à la retraite de collègues non remplacés. Des insights qualificatifs sur le système de danré en France donc.
Les conversations des internautes patients et consommateurs de médicaments sur les forums et réseaux sociaux. concernent d’abord le covid (par exemple sur la non-évaluation connue du vaccin Pfizer sur la transmission virale) avec 41% des mentions, puis le parcours patient en ambulatoire (*) avec près de 32% des mentions (recherche et partage d'infos, pathologie, symptômes, conseils des pros de santé, diagnostic, prescription, traitement, usage, mésusage, efficacité, tolérance, posologie, effets indésirables, …).
Ce parcours patient sera développé prochainement.
Viennent ensuite les conversations à propos de la pénurie de paracétamol et d’amoxicilline.
Les aidants sont mis à l’honneur tous les ans en octobre mais on en parle de plus en plus tout au long de l’année.
La thyroïde fait écho à la mise en examen de Merck KGaA pour tromperie aggravée sur la formule du Levothyrox.
(*) Dans cette étude, le "parcours" ne désigne pas le parcours patient à l'hôpital mais la consommation de médicament et le traitement en ambulatoire.
Nous parlerons davantage du parcours patient sur les médias sociaux, des pathologies évoquées et des effets indésirables lors de notre prochain article.
212 Jours d’analyses du 1er mai au 30 novembre 2022
Etude de 55 laboratoires pharmaceutiques et biotech
231 médicaments
179 pathologies
1,1 millions de mentions collectées sur les labos, médicaments et pathologies (tweet, post, billets, articles, commentaires…)
Mesures des performances en owned media sur :
Instagram (comptes Business)
YouTube
LinkedIn
TikTok
Analyse des conversations en earned media sur les médicaments et vaccins, entreprises pharmaceutiques et pathologies sur le web et les média sociaux : réseaux sociaux, sites d’actualités, blogs, forums, espaces de discussions
Outils : Digimind Social et Digimind Historical Search
3. Ivermectine https://www.prescrire.org/fr/203/1845/60820/0/PositionDetails.aspx
*OTC : "over the counter" = il s'agit de tous les médicaments sans ordonnance.
*PMO : prescription médiale obligatoire