[Tendances 2021] Empowerment 4.0 : les nouvelles armureries numériques
Caroline Faillet, CEO de l’Agence Opinion Act nous parle du pouvoir des foules numériques à travers les grandes tendances de mobilisation en ligne et de “l’empowerment 4.0”. C'est un article issu du Guide des tendances 2021 en digital, marketing & social média qui compile les points de vue, articles et analyses de 35 spécialistes. Mais c'est quoi l'empowerment ?
“ Le web a désormais vingt ans et avec lui, le processus par lequel les individus se libèrent d’une forme de domination. Ainsi, le digital a octroyé au citoyen le pouvoir de mener ses propres enquêtes sur les entreprises et leurs produits (web 1.0, c’est l’arrivée des moteurs de recherche), de mobiliser les foules (web 2.0, voilà les réseaux sociaux) ou encore de mettre les big data au services des causes qu’il défend avec des plateformes de pétition comme change.org (web 3.0, web des data). Cette volonté de s’affranchir des autorités scientifiques, politiques, économiques, qui place le consommateur citoyen en capacité de faire, et promoteur de changement, se poursuit et gagne une nouvelle dimension. A quoi va ressembler cette mobilisation 4.0 ?
Pour orchestrer cet activisme généralement non violent, sans leader et basé sur la force de la multitude, les armes sont digitales
En 2021, l’empowerment citoyen (1) franchit la barrière du phygital avec l’émergence d’armureries numériques assistant l’organisation de mobilisations bien réelles. Initiée par la révolution à Hong Kong de 2019 à début 2020, ce recours au digital inspire nombre de mouvements partout dans le monde (Tsunami Démocratique, Extinction Rébellion, Black Lives Matter, Nexta en Biélorussie.. ) et cherche, via les médias sociaux, à donner une dimension mondiale à des conflits locaux. Dans la forme, ces mouvements sont comparables par leur tactique de manifestation : #BeWater, être comme l’eau, c'est-à -dire imprévisibles et rapides, via des campagnes constantes, continues et inépuisables de milliers de militants. Mais l’imprévisible requiert justement une organisation hors pair.
Pour orchestrer cet activisme généralement non violent, sans leader et basé sur la force de la multitude, les armes sont digitales. Le hashtag, toujours, comme cri de ralliement, pour fédérer les foules et inciter à l’action (#boycottamazon, #freeuyghurs), à la dénonciation (#cesardelahonte, #stealthevote) ou encore au soutien (#onapplaudit, #jesuisprof).
La nouvelle tendance vient de la mise à disposition d’un arsenal virtuel : kits d’action en ligne, applications de géolocalisation des forces de l’ordre, Google Doc pour recenser des témoignages ou fournir des modèles de lettres à envoyer aux députés, Google Map inventoriant les cibles d’action… Échapper à la surveillance et partager des informations, en particulier dans les États autoritaires, passe aussi par des applications cryptées comme Signal, Telegram, WhatsApp qui recrutent des “cercles de confiance” par cooptation, par exemple via un QR code fourni par un membre du collectif.
Quand la crise sanitaire entraîne un confinement mondial, les actions sur le terrain se font plus rares mais le recrutement des armées d’activistes se poursuit. Le dark social continue sa percée, notamment à la faveur des actions de censure ou de prises de position politiques des plateformes qui renforcent les idéologies antagonistes. Odyssée accueille les complotistes déçus de Youtube, Tippeee prend le relais de la monétisation des vidéos en favorisant les levées de fonds. Mais les mouvements les plus puissants ne se limitent pas aux outils, ils enrôlent leurs armées par un grand mythe, une narration alternative qui fascine les foules : Qanon, Hold Up ont fait triompher l’irrationnel en 2020. Jusqu’où ira l’empowerment cybernétique ?
”
Caroline Faillet vous parlera de l’Empowerment 4.0 et
des 3 grandes tendances de mobilisation en ligne en 2021
lors de Socialize World, le 8 avril
(1) Dans son dossier “Le pouvoir des foules numériques en 3 grandes tendances”, Caroline précise :
“ Le terme empowerment est difficile à traduire : il désigne tout aussi bien un résultat qu’un processus, une prise de pouvoir et une autonomisation des individus ou des sociétés. Un pouvoir DE, c’est une énergie, un pouvoir SUR c’est une domination, un pouvoir CONTRE, c’est une transformation. Cette volonté de s’affranchir des autorités scientifiques, politiques, économiques, qui place l’internaute en capacité de faire, et promoteur de changement, se poursuit et gagne une nouvelle dimension cette année “ .
Ecrit par Christophe Asselin
Christophe est Senior Insights & Content Specialist @ Digimind. Fan du web depuis Compuserve, Lycos, Netscape, Yahoo!, Altavista, Ecila et les modems 28k, de l'e-réputation depuis 2007, il aime discuter et écrire sur la veille et le social listening, les internets, les marques, les usages, styles de vie et les bonnes pratiques.