"2020 est une année très particulière pour les marques et le digital en général. Une année charnière, de bascule, à l’image de la structure même de cette année : une symétrie dans sa construction – 20 / 20 – qui fait de 2020 l’année des « ambivalences miroirs ".
Dans le cadre de la sortie du nouveau Guide des tendances digital, marketing, social média 2020 qui regroupe les regards, billets et articles de plus de 30 spécialistes, j'ai eu le plaisir de donner la parole à Damien Douani. Il nous parle de sa vision de 2020, une “année de bascule”.
Créateur du cabinet d’explorations « Futurs Simples » & Eclaireur du Numérique
« 2020 est une année très particulière pour les marques et le digital en général. Une année charnière, de bascule, à l’image de la structure même de cette année : une symétrie dans sa construction – 20 / 20 – qui fait de 2020 l’année des « ambivalences miroirs ». Par-delà cette formule que j’ai trouvée pour vous accrocher le regard et l’esprit, il y a une réalité : la présence de tensions opposées qui vont tout faire pour jouer avec notre attention.
Retour en arrière. En 2019, Facebook a vu pour la première fois sa suprématie érodée par une décrue nette de ses utilisateurs en France. La saturation du marché fait qu’Apple vend moins d’iPhone, et opacifie les chiffres de ventes en parlant de CA global généré. Les scandales sur les fuites les usages illicites de données personnelles s'enchaînent. La haine se diffuse sur Twitter, les fake news abreuvent Facebook.
« Et en même temps »TM, le mobile supplante l’ordinateur comme écran d’accès et la télévision comme écran de consommation, le podcast rencontre enfin son heure de gloire (après 15 ans d’attente), les médias sociaux vidéos et photos comme Instagram et TikTok montent en flèche, le Live et l’e-sport mettent la fièvre du mercato des joueurs en ligne, les compteurs de temps passé sur son smartphone s’affolent.
Il faut questionner notre servitude volontaire et notre abandon au tout numérique, qui n’est manifestement pas la réponse
Nous sommes sur une crête des usages sociaux, le fil du rasoir entre boomers numériques et digital natives. 15 ans après la naissance du « social » et des interfaces modernes d’accès à l’information, une nouvelle période s’ouvre à nous, et tandis que « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » (1).
Ces monstres, ce sont les GAFA et les BATX, prêts à faire régner l’ordre sur leurs plateformes hégémoniques. Comment faire quand on est une marque ou un média et que Google représente 92% de la publicité en ligne, que Facebook s’octroie plus de 2 milliards d’utilisateurs, et que 41 millions de Français font chaque mois de YouTube leur nouvelle télévision ?
Il va donc falloir faire des choix… Mais avant les choix, consommateurs, marques, médias vont être aux prises avec des paradoxes, des tensions sur l’attention des Netizens, les citoyens du Net :
- on se bat contre les fake news, et pourtant on croit le premier site qui passe sans aller vérifier,
- on veut de la démocratie directe, et on est sous le joug des dictatures du plus petit nombre,
- on veut voir nos données personnelles respectées, et on se complait sur des sites qui les pompent,
- on se plaint de ne pas être bien informé, et on se complait dans sa bulle informationnelle,
- on doute de la pertinence des technologies au regard de nos libertés, et on continue d’être séduit par le solutionnisme numérique,
- les exigences écologiques deviennent incontournables, et on se ment sur l’empreinte carbone du cloud et du streaming,
- on veut continuer à jouir de notre magasin de quartier, et on veut être livré en deux heures chez soi par une multinationale…
- les marques veulent être plus responsables, et à la fois tombent dans l'urgence de la réponse,
- les médias veulent qu'on les respectent, et pourtant ils font dans le clickbait.
Il faut questionner notre servitude volontaire et notre abandon au tout numérique, qui n’est manifestement pas la réponse. Cette tendance, forte et durable, est un moteur pour les acteurs économiques, commerciaux, technologiques et politiques. Et ça commence maintenant, en 2020.
Mon ordonnance de conclusion : vous prescrire de la déconnexion raisonnée, avant que celle-ci ne devienne un luxe. Il faut développer une hygiène numérique, le mieux par le moins, pour plus de pertinence et de performance.
Et panser l’urgence : une éducation numérique nationale. »
(1) Citation de Antonio Gramsci
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