[Tendances 2021] Echapper au réel
Fabrice Frossard, Fondateur de Faber-Content, stratégie de contenu, nous parle de l'explosion du virtuel en 2021 via le double effet de la disparition des évènements physiques et de la démocratisation des technologies. Un développement qui va de pair avec une recherche d'intimité et de proximité. C'est un article issu du Guide des tendances 2021 en digital, marketing & social média qui compile les points de vue, articles et analyses de 35 spécialistes.
“ 2020 restera sans doute comme une année d’inflexions majeure dans l’univers digital. Amplifiés par la crise sanitaire, l’accélération forcée vers le numérique a suscité des nouveaux comportements, pour certains contradictoires.
D’une part un repli vers une relation plus intime et feutrée, incarnée par le cozy web, l’économie de la passion, le retour des espaces d’échanges semi-privés sur Discord ou Whatsapp, bref un besoin d’une incarnation plus forte de la relation sociale pour pallier l’absence de rencontres physiques, mais aussi de surcharge cognitive et informationnelle.
D'autre part, l’explosion du virtuel par le double effet de la disparition des évènements physiques et de la démocratisation des technologies. Du salon virtuel au métavers, la réplication progressive de l’univers physique par un artefact virtuel trouve un écho toujours plus grand auprès des publics. Les exemples sont légions de cette virtualisation aussi progressive que massive, le plus emblématique (par la force de frappe) restant sans doute Horizon de Facebook, projet encore en signal faible, mais dont la trajectoire semble assez claire. Premier temps : Facebook se consolide comme place de marché ecommerce en fusionnant progressivement ses plateformes via des passerelles (Facebook, Messenger, WhatsApp et Instagram) et dans un second temps, prolonge sa place de marché dans un Horizon devenu entretemps un métavers exhaustif. Google sera sans doute tenté de suivre une trajectoire identique en partant de Google Map et ses diverses plateformes.
Il faudra encore un peu de temps pour que ces univers virtuels deviennent matures et mainstream. Mais dans l’intervalle, l’efflorescence des influenceurs virtuels et autres virtual bloggers ouvre la voie par une évangélisation progressive à l’artefact virtuel. Une histoire entamée par les influenceurs virtuels issus de la culture japonaise incarnée dès 2007 par Hatsune Miku créée par Yamaha pour vanter son logiciel de synthèse vocal, puis plus tard par la première Youtubeuse virtuelle Kizuna AI et plus récemment la récupération par la mode avec Lil Miquela, première influenceuse virtuelle sur Instagram avec 2,8M de followers, bientôt suivie par de nombreuses autres, noonoouri, brenn, shudu Gram etc.
deux fortes tendances, celle à retrouver une certaine proximité et intimité et de l’autre à virtualiser la sociabilisation via des avatars de personnes physiques
Une tendance qui continuera sans doute dans les années à venir avec une humanisation grandissante de ces avatars. Dans un mouvement contraire, les humains eux se virtualisent, à l’image de Calliope Mori ou Ami Yamato dans l’univers du streaming. Avec la démocratisation des technologies d’avatars, il est désormais possible de devenir l’anime de son choix tout en protégeant son identité. Un compromis satisfaisant dans un univers parfois complexe. A la clé aussi un marché de plusieurs millions d’euros, dont les marques devraient se saisir assez vite pour promouvoir leurs produits.
2021 confortera sans doute ce hiatus entre d’un côté une recherche de proximité et d’intimité et de sélection dans les relations. Dans ce cadre, chacun aura noté le retour de la voix dans les échanges – salons discord, messages vocaux sur insta ou snap, et bientôt via des salons sur Twitter…- qui montre bien ce besoin d’incarnation physique dans le cadre des interactions.
Sur l’autre versant, l’extension des univers virtuels devrait se prolonger. Des univers médiatisés par des métavers et favorisés par l’essor de l’e-sport, ce vecteur de démocratisation du virtuel.
En creux, il y a bien deux fortes tendances, celle à retrouver une certaine proximité et intimité et de l’autre à virtualiser la sociabilisation via des avatars de personnes physiques ou purement 3D.
Dans ce dernier cas, la démocratisation des technologies, d’IA, de modélisation 3D couplé à la puissance des nouveaux smartphones équipés de Lidar augurent de nouveaux services au profit de la créativité et du commerce.
Dans les deux cas, les opportunités sont nombreuses. La voix, l’intimité, le cozy web pour toucher des cibles qualifiées, définies ; les univers virtuels pour l’influence massive dans la continuité des opérations passées. En somme, 2021 sera un retour vers le futur intéressant à suivre. Du web original avec ses salons où l’on cause et de l’autre l’hubristechnologique comme vecteur de sociabilisation. Finalement, un retour des anciens et des modernes. Au passage, qui avait pensé le soft power Japonais comme grand gagnant de l’histoire ?
”
Retrouvez l’article de Fabrice Frossard avec 34 autres spécialistes dans
le Guide Tendances 2021 en Social Media et Marketing.
Ecrit par Christophe Asselin
Christophe est Senior Insights & Content Specialist @ Onclusive. Fan du web depuis Compuserve, Lycos, Netscape, Yahoo!, Altavista, Ecila et les modems 28k, de l'e-réputation depuis 2007, il aime discuter et écrire sur la veille et le social listening, les internets, les marques, les usages, styles de vie et les bonnes pratiques. Il est expert Onclusive Social (ex Digimind Social)