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Christophe Asselin - sept. 22, 2014

Les objets connectés : un nouveau business pour le Social Media Monitoring ?

L’ère du « tout connecté » n’est plus une fiction. Les objets connectés sont au cœur de toutes les préoccupations des entreprises et des Etats. En 2020, plus de 30 milliards d’objets seront connectés, certains avancent même le chiffre de 80 milliards. Ils sont considérés comme une source d’opportunités et d’innovations pour les entreprises. Par exemple, les laboratoires pharmaceutiques, ainsi que tous les grands pontes du numériques, tels que Google, Nokia, Apple, etc, se sont engagés sur ce nouveau terrain. Les objets connectés sont en effet une nouvelle source de productivité mais qu’en est-il des données ou data qu’ils génèrent ?
Tout d’abord, repartons d’une définition pour savoir de quoi il s’agit : les objets connectés sont « des objets ayant des identités et des personnalités virtuelles, opérant dans des espaces intelligents et utilisant des interfaces intelligentes pour se connecter et communiquer au sein de contextes d’usages variés » (Objetconnecte.net)
De nombreux objets sont désormais connectés à internet, allant de votre réfrigérateur à votre voiture. Reliés à la toile, ils génèrent donc des dizaines de milliards de données, à collecter, trier, interconnecter.

objets connectés

Les technologies de l’information doivent prendre possession de cette nouvelle mine d’or car, sur ce marché, les gagnants sont ceux qui ont la capacité d’analyser les données collectées. Ce sont donc tous les acteurs de l’information qui vont bénéficier de ce nouveau business, à l’ère du Big Data.
La plupart ont déjà su se positionner, chacun selon ses spécialités. Les données des objets connectés sont transmises à des centres de traitement. Les réseaux de télécoms, tels que SFR et Orange, ou des routeurs, tel que Cisco, sont les principaux acteurs de ces transmissions. Les data sont ensuite centralisées sur une plateforme intelligente, pour les analyser puis les transmettre sous forme d’aide à la prise de décision. Les spécialistes du Big Data, du cloud computing, tels que IBM, Microsoft, Toshiba se sont rapidement positionnés sur ce segment du traitement et de l’analyse. Ces données traitées sont ensuite reconfigurées pour de nouveaux usages, par tout type d’acteurs comme les collectivités publiques ou privées.
De nombreux acteurs s’emparent ainsi du marché, mais quelle est la place du social media monitoring sur ce nouveau business ? Quels atouts peuvent apporter les analystes et spécialistes de l’information ?

Objets connectés : une source d’informations stratégiques pour les entreprises

Les données produites par les objets connectés représentent pour les entreprises une formidable source d’exploitation commerciale.
Le Big Data généré par l’internet des objets, se déploie dans le secteur de l’automobile. Dans une interview en juin 2014, voici ce que disait Georges-Édouard Dias, ancien directeur du Chief Digital Officer de L’Oréal jusqu’en 2013, spécialiste de la transition numérique et co-fondateur de QuantStreams, start-up innovatrice sur la smart activation du Big Data au service de la relation client : « Grâce aux objets connectés, une heure de trajet génère 1 GB de données. La voiture peut enregistrer votre trajet, votre vitesse moyenne, vos habitudes de conduite, quelles options et quels services vous utilisez sur votre parcours. Les données analysées permettent d’améliorer l’expérience de conduite, d’entretenir des relations privilégiées avec le conducteur dont le profil est mieux connu et de le fidéliser. »
Ces informations stratégiques permettent aux acteurs de l’automobile de mieux gérer leur relation client et d’adapter leurs produits aux habitudes du client. Ce business va se développer avec le partage de ces données sur les réseaux sociaux par les utilisateurs eux-mêmes des objets connectés. Nous imaginons déjà les fans de voitures partager sur les profils leurs parcours, couplés aux données sur leur vitesse moyenne. Ils donneront leurs avis sur leurs expériences de conduite sur différents modèles de voitures connectées.
Le partage sur les réseaux est très simple. Pour la plupart des objets connectés, les informations sont affichées sur le smartphone relié à l’objet. Les téléphones sont des relais de connexion ou afficheurs d’information. L’utilisateur dispose donc des données générées par l’objet (montres, bracelets, etc.) et il est souvent enclin à les partager sur ses réseaux sociaux pour comparer ses efforts en matière de régime, de sport, et autres avec ses amis. Ces informations alimentent les bases de données des réseaux et, couplées avec les informations que l’utilisateur publie, risquent de devenir des données à forte valeur commerciale pour aider les entreprises à mieux vendre de nouveaux services ou produits, à mieux cibler leurs campagnes marketing, et à améliorer les prospects.

Capter l’opinion publique au sujet des objets connectés sur les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont des canaux indispensables pour la veille. Ils permettent de surveiller l’e-réputation de sa marque, trouver des prospects, des concurrents, capter l’opinion publique, analyser l’impact de sa stratégie marketing.
Les premiers acteurs de l’internet des objets sont avant tout les utilisateurs de ces objets. Ces derniers peuvent donc communiquer sur internet les données recueillies sur leurs objets connectés.
Prenons le cas de la montre connectée à sa “santé”. Elle permet notamment de collecter de nombreuses informations sur la santé de celui qui la porte : taux de glycémie, nombre de pas par jour, fréquence cardiaque, mais aussi pression artérielle, niveau d’hydratation, etc. Toutes ces données peuvent être publiées par l’utilisateur sur ses réseaux sociaux, générant de nouvelles data exploitables et de grande valeur ajoutée.

Tweet manteaux connectés pour les enfants

Avec l’émergence des objets connectés, les veilleurs voient donc arriver de nouvelles sources d’informations, ouvrant la porte à de multiples data. Il s’agit d’une véritable mine d’or. Les veilleurs en e-réputation seront à nouveau des prestataires indispensables pour les entreprises. Les entreprises créatrices d’objets connectés devront suivre la satisfaction des internautes sur leurs produits, exprimée en premier lieu sur les réseaux sociaux. Un objet connecté donne la possibilité à une marque d’avoir en temps réel, en rapide et en instantané, un flot conséquent d’informations sur son utilisateur et de pouvoir communiquer avec lui constamment. Les entreprises devront faire appel à des spécialistes afin d’analyser leur e-réputation et mesurer l’impact de leur stratégie marketing, afin de mieux cibler par la suite leurs campagnes et adapter leurs produits connectés aux besoins du client.

Tweet Apple Watch

Les réseaux sociaux pour les objets connectés

La tendance est donc aux objets connectés sur les réseaux sociaux. L’innovation va encore plus loin car on parle même de réseaux sociaux spécifiques pour les objets connectés, comme le réseau social the things.io.
Même avant l’arrivée de ce réseau social exclusivement réservé aux objets connectés, imaginez vos objets connectés qui publient sur votre mur Facebook ou votre timeline et qui interagissent entre eux : c’est ainsi que se profile notre avenir ! Les objets connectés représentent le nouveau défi des réseaux sociaux, après le mobile. De nombreux objets, plus ou moins insolites se trouvent de plus en plus connectés aux réseaux sociaux. Amateurs de bières, écoutez ou plutôt lisez bien : Budweiser a lancé, il y a un an, un verre équipé d’une puce RFID. Grâce à ce verre, vous devenez automatiquement ami sur Facebook avec les personnes avec lesquelles vous trinquez. Attention à ceux qui ont la main lourde !
Pour collecter toutes les données générées sur ces réseaux sociaux, il existe des plateformes qui stockent et sont capables de représenter les données sous formes de graphiques, une véritable aubaine pour les veilleurs, même si pour l’instant, ces plateformes s’adressent essentiellement à des développeurs.
Néanmoins, les géants du web ont compris l’importance d’allier réseaux sociaux et objets connectés. Google a annoncé une collection d’objets connectés appelée Android Wear. Facebook a racheté Moves, l’application qui surveille l’activité physique. Il sera sans doute possible de publier sur le réseau les données générées par Moves. Foursquare pourrait nous avertir par vibration dès qu’un de nos amis est à proximité… En bref, le monde des objets connectés n’a pas fini de vous éblouir !

Mais ….. qu’en est-il des données personnelles issues des objets connectés ?

Tout ce business nécessite l’ouverture des données personnelles et leur réutilisation. Avec l’arrivée du Big Data, survient également le phénomène de l’Open Data. Or les données personnelles constituent le sujet principal d’inquiétude des internautes, tout spécifiquement en France, nation encore très frileuse au sujet des données privées. Leur protection est en effet un enjeu de gouvernance.
La question reste à l’heure actuelle en suspens : quel contrôle avons-nous sur nos données ? Les objets connectés sont d’une part une formidable source d’essor économique, et d’un autre côté, ils sont totalement intrusifs à l’égard des individus : que choisir ? Le sujet est particulièrement délicat dans le domaine du quantified self, collectant des données personnelles sur la santé.
Par ailleurs, les objets connectés ne présentent pas de dispositifs de sécurité encore bien rôdés, ouvrant la porte à tous les hackers et pirates de l’informatique. Les applications des objets connectés peuvent être piratées et les données détournées par les cybercriminels. Mais les risques restent différents selon la nature de l’objet connecté. Faut-il donc avoir peur des objets connectés ?, direz-vous. Je pense que la véritable question est plutôt : les objets connectés sont-ils aussi intrusifs que d’autres services utilisés quotidiennement par les individus, comme le pass Navigo de la RATP, l’EDF, et surtout Google et tous ses services ? Certes, les objets connectés représentent des risques en termes de sécurité et de données personnelles, mais ce risque, nous le vivons tous les jours et nous l’acceptons dans la mesure où nous utilisons tous un des services mentionnés ci-dessus. Dès lors, pourquoi les objets connectés seraient-ils plus dénigrés que Facebook ou Google ?

Un sujet qui mobilise les internautes sur le web

Nous avons mis en place une surveillance sur les objets connectés, les 15 premiers jours de septembre, avec Digimind Social, l’outil de Social Media Monitoring de Digimind.
Mardi 9 septembre, Apple a présenté lors de la keynote son iWatch, la montre connectée qui enflammait le web depuis des mois. Sur les quinze premiers jours de septembre, nous constatons que la montre d’Apple a monopolisé la majorité de l’attention de la sphère des objets connectés. En quinze jours, nous avons comptabilisé plus de 7105 mentions sur la montre connectée.

concepts clés autour des objet connectés

Les autres sujets fédérateurs sont la voiture connectée, la maison connectée, Google CAR et les Google Glass. Voici leur part de voix sur le web pendant la première quinzaine de septembre. Les Google Glass obtiennent une écrasante majorité, étant le sujet le plus discuté après l’iWatch d’Apple. Étonnamment, la voiture connectée n’est pas au centre des discussions sur le web. Pour avoir un ordre d’idée, les Google Glass ont comptabilisé 4510 mentions en 15 jours, la maison intelligente 770 mentions, la voiture connectée 462 mentions.

les objet connectés les plus discutés

 

Où parle-t-on le plus des objets connectés ?

Discussion des objets connectés sur les plateformes du web

En termes de mentions, les news sont les médias qui parlent davantage des objets connectés. Twitter est le deuxième relai de ces informations. Etonnamment, Facebook ne fait pas partie des médias qui rassemblent les internautes autour des objets connectés. Les individus, en dehors des sociétés appartenant à la sphère de l’IdO, n’ont pas encore adopté une grande proximité avec les objets connectés. Ces derniers mobilisent davantage lorsque surviennent des évènements digitaux, où les grands pontes présentent leurs innovations dans le domaine.

Les objets connectés : la nouvelle génération d’internet

Encore considérés comme des gadgets, les objets connectés sont entrés au Panthéon des révolutions numériques. L’internet des objets représente la technologie la plus tendance en 2014, une tendance suscitant les émotions les plus opposées au sein de la webosphère. L’IoT représente l’espoir, l’eldorado du monde entrepreneurial ; il devient un objet de mode au sein de tous les adeptes de technologies ; et en même temps, il est encore victime d’un profond désintérêt dans les préoccupations des individus.
Les analystes de Gartner se sont penchés sur les tendances de l’année 2014. La représentation suivante révèle que l’internet des objets est au cœur de ces innovations.

Relation entre économie et objets connectés

Les objets connectés représentent en tout cas une formidable opportunité pour l’économie de la France. Le 16 janvier 2014, la ministre de l’économie numérique, Fleur Pellerin, avait déclaré vouloir créer une cité des objets connectés, au cours du deuxième semestre 2014. L’idée est d’essayer de produire les objets en France, au lieu de les faire fabriquer à l’étranger. « Il faut rapprocher les métiers de la plasturgie, de la mécanique avec les informaticiens et les électroniciens qui développent ces produits d'avenir. Les objets connectés représentent une opportunité de réindustrialisation » a expliqué la ministre déléguée en charge de l'économie numérique.
L’ioT a donc de beaux jours encore devant lui et les spécialistes de la veille e-réputation, de la veille innovation, de la veille concurrentielle et les services marketing ont ainsi de nouveaux challenges à relever, devenant toujours plus des acteurs incontournables de la société de l’information.

 

 

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Ecrit par Christophe Asselin

Christophe est Senior Insights & Content Specialist @ Digimind. Fan du web depuis Compuserve, Lycos, Netscape, Yahoo!, Altavista, Ecila et les modems 28k, de l'e-réputation depuis 2007, il aime discuter et écrire sur la veille et le social listening, les internets, les marques, les usages, styles de vie et les bonnes pratiques.