Le Fact-Checking ou comment démêler le vrai du faux dans les informations qui nous entourent
#FactChecking #hoax
Les acteurs du Fact-Checking en France :
- Sites journalistiques : Arrêt sur Image | Désintox | Les Décodeurs
- A la radio : Le Vrai/Faux de l’info | Le Vrai du Faux
- Spécialisé Internet : HoaxBuster
Rumeurs, interprétations douteuses et autres mensonges affluent de toutes parts dans les médias actuels. Que ce soit par le biais de la télévision, de la radio ou encore des réseaux sociaux, il est facile de nos jours de détourner, de remanier l’information et de la diffuser dénuée de sa vérité première. De plus, le nombre important de contenus publiés chaque jour intensifie le problème et il n’est pas toujours aisé de distinguer les informations véritables de celles détournées.
En effet, à l’heure du numérique, vérifier les informations devient véritablement complexe car il est difficile de recouper les informations authentiques. Comment se tenir à distance de tous les « hoax », « intox» et « fake » qui inondent la toile et les médias en général ? La réponse se trouve peut-être dans le Fact-Checking, la vérification des faits.
Journalisme et Fact-Checking
En février dernier, Jean-Charles Simon, administrateur de la régie publicitaire Hi-Media, a lancé un site dédié au Fact-Checking : factamedia.com. Le but de la manœuvre est d’authentifier avec précision toutes les informations d’ordre économique, politique et international. La vérification est effectuée par des journalistes expérimentés mais également par des internautes passionnés, souhaitant apporter leur contribution.
Le phénomène n’est pas nouveau et date même d’une dizaine d’années outre Atlantique mais en France il ne se développe réellement que depuis quelques années. La multiplication d’émissions-débats sur la politique, l’économie ou encore la société a en effet permis le développement rapide de l’application du Fact-Checking dans l’hexagone.
Le Fact-checking en France
Tandis qu’en 2013 aux Etats-Unis le Huffington Post mettait en place une application « Truth Teller » permettant la vérification en temps réel des paroles énoncées par les politiciens, en France on pouvait voir naître le service « Trooclick » - made in France mais en anglais. Ce dernier consiste en une application utilisant l’intelligence artificielle en se basant sur le big data. Payant, le service est automatisé et permet la vérification des données économiques et financières publiées sur Internet.
Une année plus tôt, à l’occasion des présidentielles de 2012, on a pu voir apparaître le « Véritomètre » sur la chaîne I-Télé, système qui vérifiait les différentes déclarations faites par les candidats lors de leur campagne.
Mais ce ne fut pas le tout premier outil de Fact-Checking mis en place dans l’univers politique en France. En effet, en 2008, plusieurs médias se sont lancé dans la vérification des nombreuses annonces faites par le président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy.
De nombreux sites avaient ainsi vu le jour, parmi lesquels le site « Arrêt sur Image » - prolongement de l’émission TV diffusée entre 1995 et 2007 sur France 5 - et les blogs « Désintox » et « Les Décodeurs ». Ces deux derniers blogs ont été respectivement lancés par Libération et Le Monde.
A la radio, des chroniques se mettent également en places comme « Le Vrai/Faux de l’info » sur Europe 1 et « Le Vrai du Faux » sur France Info.
Tous ces médias ont pour mission de traquer la moindre distorsion d’information, la moindre inexactitude relayée par les acteurs de l’actualité. Grâce au Fact-Checking, les Français ont pu se rendre compte à quel point les approximations et exagérations étaient monnaie courante en matière d’information, notamment en politique et en économie.
Peu de médias ont pu jusqu’à présent mettre en place un système de Fact-Checking en direct mais ce fut le cas de l’émission « Des Paroles et des Actes » lors d’un débat en présence du premier ministre Jean-Marc Ayrault. Une équipe de Fact-Checkers vérifiait en temps réel les informations et chiffres avancés par l’invité. Le système mis en place n’avait finalement relevé que deux imprécisions au sujet de la fiscalité et les rectifications avaient été apportées sur le site de l’émission.
En dehors des contextes politiques et économiques, le Fact-Checking a une réelle importance pour les entreprises et institutions qui créent et diffusent quotidiennement et massivement de nombreuses informations pour assurer leurs activités. Dans ces cas, les données sont généralement authentifiées par des cabinets.
Largement utilisé dans le journalisme, le Fact-Checking s’est réellement révélé sur le net, lieu privilégié des rumeurs et fausses informations. En raison de la rapidité de diffusion que permettent le web et les réseaux sociaux, le recours au Fact-Checking s’est vite imposé comme une évidence pour les internautes.
Les Hoax, fakes et intox ou la diffusion de la désinformation sur Internet et les réseaux sociaux
Ce n’est pas nouveau, sur Internet on trouve de tout. Avec les blogs, réseaux sociaux, sites ou encore chaînes de mails, les fausses informations se répandent à la vitesse grand V et peuvent facilement être prises pour argent comptant. Ainsi le 11 septembre n’aurait jamais existé, le fils de la ministre Christine Taubira serait en prison pour meurtre et EDF nous volerait sournoisement 1€ sur chacune de nos factures... Les canulars sur le net sont nombreux et de toute nature. Tous ne cherchent pas à être pris au sérieux mais pourtant la plupart d’entre eux sont bien souvent repris par les internautes qui croient en leur véracité.
Jouant sur des sentiments tels que la colère, la naïveté ou encore l’injustice, le hoax est majoritairement visuel pour attiser la curiosité et la croyance de ses lecteurs.
Voyons ensemble quelques exemples de Hoax qui ont marqué Internet et les esprits :
Recharger le dernier iPhone en quelques minutes au micro-ondes :
Chaque nouvel iPhone apporte son lot de nouveautés et certains utilisateurs sont peut-être un peu trop optimistes quant aux possibles performances de leur nouveau Smartphone. Un hoax, publié sur Twitter et très bien effectué visuellement, expliquait ainsi que la fonctionnalité Wave permettait de recharger l’appareil en quelques secondes au micro-ondes.
Certains possesseurs d’iPhone ont cru à ce canular, pourtant invraisemblable, et l’ont rapidement regretté. De nombreuses photos ont alors été postées sur les réseaux sociaux pour rendre compte du désastre : les téléphones et les micro-ondes avaient été clairement endommagés.
Acheter un chat-bulle :
Il y a quelques années, de nombreux mails et réseaux sociaux interpellaient les internautes sur la vente de pauvres Bonsaï Kittens. Ces derniers étaient des chatons enfermés à vie dans des bocaux. Le canular était assez développé puisque les auteurs avaient poussé le vice jusqu’à expliquer les différentes méthodes d’alimentation et de soins à apporter à ces chats peu communs. De nombreux défenseurs des animaux n’avaient pas su déceler la supercherie et, offusqués, avaient mis en place des pétitions pour venir en aide aux Bonsaï Kittens.
Christine Boutin cite Le Gorafi à l’occasion d’une interview :
Invitée par BFMTV pour réagir sur la décision du gouvernement de repousser le projet de la loi sur la famille, Christine Boutin a cité un célèbre site parodique pour appuyer ses propos. Opposée à cette loi, elle fait remarquer que le projet est simplement repoussé d’un an et non abandonné et cite alors cet extrait issu du Gorafi : « Le gouvernement refuse de parler de recul mais de stratégie provisoire d'avancement à potentialité différée » avant de préciser : « J’ai pris un petit papier […]. C’est tellement complexe que j’ai voulu prendre exactement le titre ».
L’ancienne ministre Christine Boutin n’a pas su voir que le site parodique se moquait là des éléments de langage utilisés par le gouvernement.
Pascal Froissart, Maître de conférences à l’université Paris 8, explique qu’une « rumeur fonctionne parce qu’on écrit dessus. Les gens croient ce qu’on leur donne à lire, même quand on leur dit que c’est faux. Vrai ou faux, la seule certitude, c’est que c’est à l’agenda.»
Alors qu’auparavant les rumeurs et autres détournements d’information avaient tendance à ne concerner que les personnes et entités dominantes, telles que les personnalités politiques ou encore les grandes enseignes de consommations, elles n’ont à présent plus de limites.
Le détournement de l’information peut avoir des conséquences désastreuses car il canalise l’ignorance et la peur de ses lecteurs. Comme nous le montre l’exemple de la fonctionnalité Wave de l’iPhone 6, les conséquences peuvent être importantes pour les crédules.
HoaxBuster, le site le plus connu en matière de fausse informations sur le net, permet de vérifier l’exactitude des informations ou « bonnes astuces » avant de les tester. Il est donc intéressant d’y faire un tour de temps à autres, surtout si vous êtes un addict du net et des réseaux sociaux.
En somme, il n’y a pas que les journalistes qui doivent vérifier les sources des informations auxquelles ils ont accès. Le Fact-Checking n’est pas une tendance mais une véritable nécessité pour tous les internautes qui sont chaque jour exposés à des fausses informations. Il ne faut pas croire tout ce qu’on lit et tout ce qui se dit sur Internet.
Vérifiez l’exactitude des contenus que vous relayez, ne mettez pas en jeu votre e-réputation bêtement !
Des conseils à partager en termes de Fact-Checking ? Laissez-nous un commentaire !
Suivez-nous via nos actualités, sur Facebook, Slideshare et Twitter !
Pinterest : 80% des membres sont des femmes.
Ecrit par Christophe Asselin
Christophe est Senior Insights & Content Specialist @ Digimind. Fan du web depuis Compuserve, Lycos, Netscape, Yahoo!, Altavista, Ecila et les modems 28k, de l'e-réputation depuis 2007, il aime discuter et écrire sur la veille et le social listening, les internets, les marques, les usages, styles de vie et les bonnes pratiques.