Face à l’afflux régulier de fake news, fausses informations et désinformation, nous avons vu que des initiatives de plus en plus nombreuses émanant des médias, de passionnés, d'associations se développaient afin d’expliquer l’information et de lutter contre les fake news, et par extension contre les théories du complot. Ils proposent des outils, des ressources, des émissions. Oui. Mais la population perméable au fake news regarde ou s’intéresse peu à toutes ces initiatives. Aussi, au-delà des outils, du fact-checking non lu par certaines populations, une des clés est, en amont, du primaire à l’université, l’éducation des plus jeunes, gros consommateurs d’information sur les réseaux sociaux notamment. Et puis, continuer la sensibilisation des adultes bien sûr.
Aussi, dans le cadre de la sortie de notre guide "Fake News" : Comment détecter et lutter contre la désinformation sur les médias sociaux, nous avons voulu insister sur l’importance de l’éducation aux médias et à l'information, de la sensibilisation à ce qu’est un fait, une information et sur la nécessité d’une autonomie de jugement et d’analyse.
Covid-Coronavirus : les Fake News les plus fréquentes sur les médias sociaux en France
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France : un contexte de défiance propice au “fake news”, sur les médias sociaux notamment
25 comptes Twitter à suivre pour le fact-checking et lutter contre les fake news
Fake News : 5 points importants à connaître pour les comprendre et les combattre
1. Les plus jeunes et les réseaux sociaux
2. L'apprentissage des fake news, dès l'école
3. Le paradoxe des jeunes face aux sources d'information
4. La sensibilisation des adultes
Dans cet environnement, une des clés est, en amont, l’éducation des plus jeunes, gros consommateurs de "news" sur les réseaux sociaux. Selon l'étude Viavoice, 28% des 18-24 ans font plus confiance à une information relayée sur les réseaux sociaux qu'à ce qu'ils trouvent dans les médias. 47 % des 18-24 ans pensent également qu’ "avec les réseaux sociaux, il est de moins en moins nécessaire de consulter directement les sites de médias en ligne". Mais la plupart des Français (71 %) font davantage confiance aux informations qu’ils trouvent par eux-mêmes dans les médias, plutôt que celles que relaie leur entourage sur les réseaux sociaux.
Or, 45% des 18-24 ans utilisent internet et les réseaux sociaux comme source n°1 pour s’informer sur l’actualité (enquête Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch par l'Ifop - 2019 ).
46% des personnes qui croient à plusieurs thèses complotistes affirment s'informer d'abord via les réseaux sociaux,
c'est presque 2 fois plus que celles qui n'y croient pas du tout (24%).
Les Français qui écoutent les nouvelles à la radio sont presque deux fois moins nombreux (15%) et 3 fois moins pour ceux qui privilégient la presse écrite (9%) à croire les théories complotistes que ceux qui suivent l'actualité sur internet (27%). Les réseaux sociaux sont ainsi privilégiés par les personnes qui adhèrent aux théories du complot. Près de la moitié (46%) des personnes qui croient à plusieurs thèses complotistes affirment s'informer d'abord via les réseaux sociaux, c'est 2 fois plus que celles qui n'y croient pas du tout (24%).
Dans cette optique, certaines idées sont remarquables : C’est en produisant de l’information qu’on devient un lecteur, un auditeur, un téléspectateur averti et un critique expérimenté des informations. Aussi, en proposant de "Créer un média par établissement scolaire", Hélène Paumier, professeure de français, explique que devant la profusion exponentielle d’informations, il faut apprendre aux élèves à produire et à publier pour qu’ils appréhendent eux-mêmes les médias en citoyens avertis. L’idée n’est certes pas nouvelle et certaines actions sont déjà en place mais ce n’est pas systématique ni régulier : Ainsi 34% des jeunes de 15-34 ans "seulement" déclarent avoir bénéficié d’une action d’”EMI” dans le cadre scolaire (expériences de création de médias, séances de visionnage et de décryptage de vidéos d’information, participation à la semaine de la presse et des médias à l’école…) (Etude Médiamétrie Pratiques de consommation de l’information par les jeunes générations. Pour le Ministère de la Culture-DGMIC).
De son côté, Christophe Audouin, Délégué régional chez SUEZ, partage un texte de l’Education Nationale - "Former l'esprit critique des élèves" - qui propose d'appuyer le fait que "face aux infox et aux manipulations, le véritable bouclier restera toujours l'esprit critique". Et le bons sens pourrait-on ajouter...(original : Dossier EDUSCOL - Ministère de l'Education Nationale)
Le paradoxe des jeunes face aux sources d'information : confiance dans les médias traditionnels mais large consommation de l'information via les réseaux sociaux
Le Cnesco (Conseil National d’évaluation du système scolaire) a publié une note d’analyse et une étude sur le rapport qu’entretiennent les jeunes avec l’actualité, les médias et l’information (2).
Un haut niveau de confiance dans les médias « traditionnels » et une prise de distance vis-à-vis des réseaux sociaux : 71% des élèves de 3e ont confiance dans les journaux papier (même chiffres pour les élèves de terminale), contre seulement 27 % de confiance dans les réseaux sociaux (24% en terminale).
Mais c’est toujours le même paradoxe : si la confiance est faible dans les réseaux sociaux, ils sont pourtant 71% des élèves de 3ème et 84% des terminale à s’informer par ce canal.
Comment les élèves s’informent-ils ? (3ème et terminale) : la confiance envers les sources vs la pratique
Après l'école, la formation et sensibilisation des adultes aux process, outils et bonnes pratiques de lutte contre les fake news est indispensable. Les experts et professionnels l’expliquent : l’éducation est l’un des socles d’une lutte efficace contre les Fake News. Et pour cela, il faut s’appuyer notamment sur…le web et les réseaux sociaux . “Le numérique est certes le poison, mais il est aussi le remède”.“La loi ne parviendra pas à endiguer les fake news sans l’éducation des citoyens aux manipulations du langage", explique Caroline Faillet, auteur de "Décoder l’info, Comment décrypter les fake news".
La lutte contre les fake news doit donc être l’affaire de tous : médias, journalistes, particuliers, mais aussi des différentes institutions à l'instar de la police nationale qui alerte sur Twitter et Facebook de la propagation et du recyclage de certaines fausses informations.
La campagne « Le vrai du faux » - par Serviceplan
Côté sensibilisation des adultes, citons l’Union francophone qui avait lancé un concours destiné aux jeunes créatifs francophones. Ils ont pu proposer pendant la durée du premier confinement des campagnes publicitaires de sensibilisation aux "infox". La plupart sont remarquables.
Dans ce cadre, Rémy Maufangeas de l’agence Serviceplan a créé la campagne « Le vrai du faux » (2)
Le message : “Une infox a souvent tout d’une info, sauf la source. Stop aux infox, Distinguez le vrai du faux”.
Sources
(1) Gérald Bronner, professeur à l’université Paris-Diderot et membre de l’Académie des technologies et de l’Académie nationale de médecine https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/11/gerald-bronner-l-esprit-critique-peut-s-enseigner-et-s-apprendre-en-tant-que-tel_5474678_4401467.html
(2) Le zoom du Cnesco #1 - Février 2019 - Éducation aux médias et à l’actualité : comment les élèves s’informent-ils ? http://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2019/02/190221_Zoom_Cnesco_Medias.pdf