Ce mardi 28 janvier se déroulait la conférence de présentation de la 7ème édition de l’étude #MoiJeune, organisée par le journal 20 Minutes et en partenariat avec l’institut d’études OpinionWay. La conférence porte chaque année sur les 18-30 ans, cœur de cible du journal, et a été consacrée cette fois-ci au sujet les Jeunes et le Pouvoir. En effet, 20minutes et Opinion Way ont demandé à cette génération d’expliquer ce que signifiait le pouvoir selon eux, de dire s’ils l’associent à quelque chose de positif ou non, comment ils mettent le leur en pratique, leur perception du pouvoir qu’exercent les réseaux sociaux, de donner des exemples de personnalités l’incarnant, et ont abordé d'autres questions que nous verrons dans ce billet.
Pour 67%, les réseaux sociaux ont plus de pouvoir que les médias sur la façon dont les citoyens sont informés
Les 18-30 ans interrogés ont une image négative de la notion de pouvoir (59%). Cela signifie aussi pour 89% d’entre eux « avoir de l’influence sur les autres » et pour 81% « avoir de l’autorité sur les autres ».
Lorsqu’on leur demande des synonymes, les 18-30 ans répondent principalement « domination » ou « capacité à faire faire ». Le pouvoir est donc dans leur idée un rapport de force. En parallèle, ils sont 65% à exprimer leur envie d’avoir du pouvoir (72% des hommes et 58% des femmes). Compte tenu de l’image négative qu’ils portent sur cette notion de pouvoir, ils sont 91% à dire qu’ils ne l’exerceraient pas sous la forme du « faire faire ce que je veux » mais bien sous celle de « faire ce que je veux ».
Exemples de personnalités l’incarnant
Source : 20 Minutes - OpinionWay #MoiJeune
À la question « Quelle figure historique incarne un pouvoir immense pour toi ? » les réponses sont orientées vers des dirigeants politiques (Napoléon, Hitler, Charles de Gaulle, Nelson Mandela), et des dirigeants d’entreprise (Mark Zuckerberg par exemple).
Pour 59% des 18-30 ans, Mark Zuckerberg a plus de pouvoir que Donald Trump
Outre les personnes incarnant le pouvoir, 20 Minutes leur a demandé ce qui l’incarnait. La réponse est quasi unanime : l’argent à 91%. Ainsi, selon eux, Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, a plus de pouvoir que Nicolas Hulot (respectivement 64% contre 33%). Et même si les deux suivants sont relativement à l’abri financièrement, les interrogés pensent que Mark Zuckerberg a plus de pouvoir que Donald Trump (59% pour le dirigeant du groupe Facebook contre 41% pour le président des Etats-Unis).
Source : 20 Minutes - OpinionWay #MoiJeune
Concernant les marques possédant un pouvoir immense, les interrogés pensent spontanément aux GAFA puisqu’ils citent dans leur top 4 Google, Apple, Facebook et Amazon.
82% des femmes pensent que l’on a plus de pouvoir lorsque l’on est un homme
Avant même d’aborder dans quel contexte ils ont du pouvoir, une différence relativement importante nous saute aux yeux : 82% des femmes disent que l’on a plus de pouvoir lorsque l’on est un homme, contre 55% des hommes. En hypothèse de réflexion quant au pourquoi de cette différence de réponse, nous pouvons avancer l’idée que l’un des deux genres peut être moins conscient ou moins exposé à ces différences de pouvoir.
85% des interrogés se disent susceptibles de boycotter une marque ou le font sans hésiter quand ils estiment que des valeurs éthiques n’ont pas été respectées
Source : 20 Minutes - OpinionWay #MoiJeune
Dans leur rôle de consommateur, 85% des interrogés se disent susceptibles de boycotter une marque ou le font sans hésiter quand ils estiment que des valeurs éthiques n’ont pas été respectées. 55% disent ainsi que leur pouvoir vient de cette possibilité de boycott. Ils sont presque 2 fois moins à dire que leur pouvoir se matérialise par leur avis laissé sur internet.
En tant que citoyen, ils sont 27% à dire que le pouvoir leur revient quand ils votent aux présidentielles. En effet, 72% des 18-30 ans déclarent que ce n’est pas le peuple qui détient le pouvoir. Selon eux, ce sont plutôt les grandes entreprises, les lobbies, ou les gouvernements qui le détiennent. Ainsi, 74% pensent que sans les efforts des industriels, arrêter sa propre consommation de plastique est difficile. Et pour motiver ces industriels, ils sont 65% à être prêts à renoncer à une partie de leur pouvoir d’achat en faveur de la transition écologique.
Selon 95% d’entre eux, les médias sont capables de manipuler l’opinion.
Source : 20 Minutes - OpinionWay #MoiJeune
Concernant les manières d’être traitée en tant que femme dans la société, 86% des sondées ont expliqué qu’on leur avait déjà répondu « Bah alors, t’as tes règles ou quoi ? » quand elles avaient été de mauvaise humeur. Elles nous rappellent aussi qu’elles ont été 84% à s’être déjà fait siffler dans la rue.
De manière générale, elles sont 49% à déclarer avoir déjà eu, plusieurs fois, le sentiment d’être traitée moins favorablement parce qu’elles étaient une femme. En solution, 61% pense que pour faire évoluer la société sur le sexisme il faut en priorité éduquer dès le plus jeune âge.
L’optimisme reste de mise puisque 80% de l’échantillon mixte pense que leur génération est moins sexiste que celle de leurs parents. De plus, ils sont 39% à avoir pris confiance en eux et en la libération de la parole des femmes grâce au mouvement #Metoo… et 16% grâce à la victoire de l’équipe de France lors de la Coupe du Monde !
Pour 52% des 18-30 ans, Twitter est le réseau social qui a le plus de pouvoir sur l'information devant Facebook.
86% des interrogés perçoivent les médias comme le 4ème pouvoir et 90% disent que les médias ont le pouvoir d’influencer les citoyens et la popularité du gouvernement en place. Pour aller plus loin, selon 95% d’entre eux, les médias sont capables de manipuler l’opinion.
Et si les médias n’avaient plus pour fonction d’informer mais d’influencer ? En effet, et même s’ils représentent le 4ème pouvoir, 67% des interrogés disent que les réseaux sociaux ont plus de pouvoir sur la façon dont les citoyens sont informés que les médias.
Source : 20 Minutes - OpinionWay #MoiJeune
Le top 3 des réseaux sociaux qui influencent l’information est composé de Twitter (52%), Facebook (34%) et YouTube (6%). 20 Minutes nous explique que Twitter étant une plateforme basée sur l’éphémère, elle n’empêche cependant pas les buzz qui peuvent construire ou détruire la réputation d’une marque ou d’une personne en un seul tweet.
61% des 18-30 ans interrogés considèrent qu’ils ont plus de pouvoir grâce aux réseaux sociaux
Les réseaux sociaux ne sont pas là que pour les interactions que les consommateurs pourraient avoir avec les marques mais servent aussi à donner plus de pouvoir aux utilisateurs : 61% des 18-30 ans interrogés considèrent qu’ils ont plus de pouvoir grâce aux réseaux sociaux. En parallèle, ils confèrent aussi du pouvoir à des marques qu’ils affectionnent et en sont conscients : majoritairement ils accordent leur confiance à Apple et Google qu’ils considèrent comme incontournables dans leurs vies.
Les 3 utilisations principales du téléphone pour cette génération sont :
25% des répondants ne savent pas que le cyberharcèlement est puni par la loi.
Malgré leur usage, ils sont 83% à déclarer qu’ils n’ont pas confiance dans la confidentialité de leurs données sur leur mobile.
Les répondants ayant déjà subi de la cyberviolence l’ont subie sur Facebook (81%) et connaissaient les personnes à l’origine de cet acte. De plus, ils ne portent que très rarement plainte (ils ne sont que 4% à le faire). Ceci coïncide avec les 25% de répondants qui ne savent pas que le cyberharcèlement est puni par la loi.
Individuellement, ils sont 65% à se sentir capables de choisir la vie qu’ils mèneront mais 74% à reconnaître le pouvoir que le regard des autres exerce sur eux. À noter que les femmes sont plus sensibles au regard des autres : elles sont 82% contre 66% pour les hommes.
Autant sur leur génération que sur la société en général, les 18-30 ans reconnaissent un pouvoir plus important des industriels (ou plus globalement de l’argent) que de la sphère politique. Kylie Jenner ayant plus de pouvoir que Greta Thunberg selon eux représente bien cette vision de l’argent qui influence plus que les idées.
Concernant leur vie en société, seulement 21% des 18-30 ans interrogés ont confiance dans le Sénat et le gouvernement. Cependant, ils deviennent peu à peu plus confiants lorsque les élus sont plus proches d’eux : ils sont 62% à se sentir en confiance avec leur conseil municipal. La seule institution faisant exception est l’élection européenne : 72% des interrogés pensent aller voter aux élections européennes même si 71% ne savent pas encore pour qui ils vont voter.
Quand on s’intéresse à comment ils pensent être perçus, ils sont 82% à considérer qu’en France on ne leur fait pas confiance et estiment que ce sont les 30-50 ans qui détiennent le plus de confiance la part de la société. Ainsi, la société française ne leur fait pas confiance, alors qu'à l'inverse les marques et associations seraient les entités qui croient le plus en leur génération.
Dans le top 3 de ce qui leur donne le plus de confiance en eux on trouve :
En parlant de partenaire, le romantisme n’est pas mort selon 70% des répondants. Maximilien, 22 ans ajoute : « Il faut s’adapter à son temps ! On est passé du pigeon voyageur à Tinder ».
Le dialogue entre eux
Le plus difficile à assumer, selon eux et concernant leur génération, est le fait d’être vierge (à 22%) contre 9% pour le fait de ne pas avoir de diplômes.
Les jeunes et le rêve de la célébrité
Contrairement à ce que l’on peut nous laisser croire, les jeunes ne rêvent pas de célébrité à tout prix. En réalité ils ne sont que 3% dans ce cas. En effet, 58% déclarent qu’ils n’apprécieraient pas d’être célèbres et pensent que l’anonymat est un luxe.
Source : 20 Minutes - OpinionWay #MoiJeune
Les jeunes sont 58% à considérer que la principale réussite de la construction européenne est la libre circulation des personnes. Cependant, ils sont 46% à estimer que son principal échec est le poids des lobbys.
Étant nés après la construction européenne et donc habitués à ses avantages, ils sont 84% à ne pas vouloir que la France en sorte. Alix, 22 ans avoue : « Je me suis sentie plus européenne que française ».
Pour faire connaître/imposer leurs idées, les 18-30 ans semblent préférer être dans le dialogue en s’exprimant à 60% avec des paroles/des mots plutôt que par des actes/des actions. Malgré leur volonté de transmettre leur opinion, ils sont 64% à ne pas être engagés en politique (adhésion à un parti, à un syndicat, etc.).
Et autant dans la vie réelle ils sont mitigés (50%), autant ils sont 94% à estimer que leur génération a une parole libre et décomplexée en ligne.
Source : 20 Minutes - OpinionWay #MoiJeune
Au milieu de cette conférence, certains des participants (pas nous !) ont découvert l’existence de Camille, 22 ans, et créatrice du compte Instagram @jemenbatsleclito.
Pour comprendre pourquoi 20 Minutes l’a invitée, il faut réaliser l’influence qu’elle a sur les 18-30 ans. L’influence qu’elle détient n’est pas celle des instagrammeurs habituellement évoqués par les marques mais elle porte plutôt sur le sujet qu’elle aborde : la libération sexuelle 2.0, celle de la parole, et la transmission d’expériences et de conseils. En tant que femme elle possède plus d’expérience avec le point de vue féminin (logique), mais elle a reçu spontanément des témoignages d’hommes qui lui ont permis d’ouvrir le dialogue avec ce nouvel angle.
Ainsi, ses quelques 550 000 abonnés sont majoritairement des femmes, qui se reconnaissent dans ce compte et se sentent moins seules dans certaines situations, mais aussi aux hommes, afin de mieux comprendre les femmes et leurs ressentis.
Un milieu de conférence comme on les aime : en forme d’ouverture de l’esprit !