Le PDG de Google, Sundar Pichai était donc en visite à Paris, jeudi dernier.
Une courte visite où le dirigeant a présenté pendant une heure différents projets et notamment, le partenariat Google avec les médias européens. Pourtant, ce que les médias et les internautes français ont retenu de ce passage éclair, c'est tout autre chose...
Mercredi 24, pour sa 1ère visite en France depuis qu’il a été nommé PDG de Google, Sundar Pichai a donné une conférence à Sciences Po, devant une salle comble.
Pourtant, ces annonces ont été occultées par un chiffre : 1,6 milliard d’impôts réclamés au moteur par les agents du fisc de Bercy. En effet, l'administration fiscale française demande cette somme à Google au titre des arriérés d'impôts.
Lorsque l'on analyse les messages et articles consacrés à la visite du dirigeant, c'est sans appel : l'ardoise fiscale obtient 70% de parts d'audience sur tous les medias web et sociaux devant les autres sujets les plus populaires : APM, DNI ou Project Shield.
A Bercy, on se défend d’une embuscade tendue au dirigeant de Google et l'on parle d’un concours de circonstances. En effet, le chiffre de 1,6 milliard est connu depuis de long mois, ce n’est pas un scoop. Mais, le matin du mercredi 24, Bercy évoque la réunion du G20 de Shanghai les 25 et 26 février, et son projet de lutte contre "l’érosion de la base d'imposition de l’OCDE et transfert de bénéfices". C’est à cette occasion que les fiscalistes de Bercy ont voulu illustrer cette lutte par un exemple emblématique : l'ardoise réclamée en France au moteur de recherche.
Si ce chiffre est ancien, et a été révélé par le Canard Enchaine dès 2013 puis repris en 2014, sa "nouvelle sortie" a complètement occulté dans la presse les sujets évoqués par le PDG de Google : un comble lorsque l'on sait que c’est d’abord aux médias qu’il s'adressait et et que ses annonces concernaient d’abord cette profession.
On peut imaginer 5 causes essentielles qui ont fait que ces annonces on été "oubliées" au profit de la dette fiscale :
- parce que le sujet choque, interpelle et qu’il est à la mode : récemment, le fisc britannique comme les politiques français s’en sont pris eux aussi à Google mais aussi à Amazon.
- parce que ce nouveau PDG de Google est encore peu connu, bien moins que les cofondateurs Sergey Brin ou Larry page, ou même le précédent PDG Eric Schmidt. Sundar a été nommé en août 2015, il devient alors le nouveau PDG de Google à la suite de la restructuration de l'entreprise et la création de la nouvelle société Alphabet. Mais cet ancien n°2 de Larry Page n'a pas encore une forte notoriété en France. La couverture de l'annonce de la nouvelle organisation de Google en août a fait la part belle à l’organigramme du groupe et à l’optimisation fiscale induite (encore) plus qu'à la nomination de Sundar Pichai.
- parce que les annonces concernaient des nouveautés déjà connus et n’ont pas amené de scoop.
- parce que la visite a été très courte, et qu'il était difficile d'approfondir le sujet plus sereinement.
- parce que les médias français n'aiment pas dire "merci" à une multinationale américaine et préfère titrer sur des sujets vendeurs ;-)
Si sur Twitter, les parts d'audience des messages relatant l'ardoise de 1,6 milliard atteignent les 85% sur la totalité des messages liés à la visite, c'est pourtant sur ce même réseau que l'on peut trouver des infos exclusivement consacrées aux sujets de la conférence, en plus des articles des médias spécialisés high-tech qui, eux, ont détaillé l'ensemble des annonces du PDG.